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Hellé

Tout à côté d’elle, dans un berceau d’osier très bas, dormait un petit enfant. Genesvrier eut une exclamation :



PRÈS DE LA FENÊTRE UNE FEMME COUSAIT…

— Marie !… Et l’enfant !…

— Préféreriez-vous qu’il fût à la crèche ? Mon filleul, notre filleul, est vraiment trop jeune pour qu’on puisse le séparer de sa mère. Je vous assure qu’il est très bien ici, et que Marie peut l’allaiter sans presque quitter son ouvrage. Trois fois par semaine, nous avons le plaisir de le recevoir.

Marie Lamirault s’était levée.

— Ah ! fit-elle, mademoiselle Hellé et vous, monsieur Antoine, vous nous avez sauvés tous les deux. J’ai du travail chez moi quand je ne viens pas ici. Je puis me nourrir comme il faut, et c’est tout profit pour le petit Pierre… Voyez, monsieur, est-il beau !

Elle écarta le rideau d’étamine, et Genesvrier admira le bébé, qui dormait serrant ses menottes roses, tout frais dans sa robe de piqué blanc.

— Vous osez le toucher, maintenant ? dit-il, et ses yeux me couvraient d’une douceur de caresse. Il ne vous fait plus peur ? J’avais remarqué votre répugnance, la première fois.

— Répugnance faite d’ignorance et de surprise. J’ai l’habitude de manier ce petit être maintenant. D’ailleurs, il n’a plus sa mine renfrognée. Il prend un aspect humain.

— Mademoiselle Hellé s’en amuse beaucoup, dit Marie.

— Vous commencez à l’aimer, peut-être ? fit Genesvrier.

— Il me serait difficile de ne pas m’y attacher, mais surtout il m’intéresse. Sa lente éclosion me rappelle mes curiosités de petite fille. J’observais passionnément