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LA SIRÈNE DE KERDREN

timent des citoyens délégués. Lui aussi, qui connaissait ou croyait connaître l’histoire de Le Guilvic, regardait ce vieillard singulier comme un admirable type de l’aristocrate, volontairement dépouillé de ses préjugés et de ses privilèges. Mais, avant tout, il honorait en lui le savant, avec une certaine naïveté dans le respect qui empêchait absolument des manifestations de fraternité républicaine, telles que le tutoiement. C’est que Charles Mazurier, comme beaucoup de bourgeois français qui se croient révolutionnaires, était un aristocrate inconscient, un homme très civilisé, sensible aux moindres nuances de la langue, nullement désireux de manger dans la même assiette que les crocheteurs et de dormir sur la même paillasse.

La boîte aux pierres étant posée sur la table, M. de Kerden approcha les deux flambeaux.

— Avez-vous donc quelque chose d’extraordinaire à me montrer ? dit-il avec la mine d’un gourmet qui sent le parfum des truffes.

— Peu de chose. Vous savez que je recherche les terres salpêtrées. Or j’ai vu dans l’église de Penmarc’h, qui est construite en