Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
FIGURES DANS LA NUIT

la main de son fils dans les siennes, et comme inspirée d’en haut, elle invoqua saint François.

– Ô saint père François, lui dit-elle, je te donne cet orphelin pour qu’il porte ton saint habit et demeure en ta sainte maison de la Verne. Garde-le, défends-le du Malin, et conduis-le, tel le berger son ouaille, sur le chemin de la vie parfaite.

Ayant ainsi parlé, elle inclina la tête et rendit l’esprit.

Personne ne douta qu’elle n’eût vu saint François, dans cette minute suprême, et le comte Guido déclara que sa volonté serait accomplie. Il fit enterrer la pieuse dame, solennellement, à Saint-Fidèle, où les Guidi ont leur sépulture, et, dès le lendemain des funérailles, il conduisit son petit neveu à la Verne.

Ce fut une pénible chevauchée sous la pluie d’automne. L’enfant, en croupe du comte, tournait peureusement la tête vers le val d’Arno qui s’enfonçait derrière lui, avec le fleuve, les oliviers, les vignes et les forteresses corsetées de remparts. Après bien des tours et détours, à travers des bois ou des brandes désertes, le fer des chevaux