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nalités officielles en frac ou en jaquette. L’ours et la licorne convenaient parfaitement à la cérémonie. Les bourgeois partis, arrivèrent « les povres prisonniers » graciés par la reine « pour contemplacion de son joyeux abvénement ». Ils la « mercièrent » en exprimant leur repentir, et s’en furent recommencer leur industrie larronnesse, si bien qu’en peu de jours ils réintégrèrent le Châtelet. Les plus illustres de ces repris de justice s’appelaient Marguerite la Pinèle et Gelsain de Sous le Mur.

L’Hôtel Saint-Pol vit d’autres fêtes qui marquèrent dans l’histoire du royaume. La reine y mit au monde plusieurs de ses nombreux enfants, dont le futur Charles VII, son troisième fils, et, la fécondité aidant la paresse et la gourmandise, elle devint une grosse dame. Le 14 juin 1432, fête du Saint-Sacrement, le roi et la reine assistèrent à un tournoi dans l’Enclos Saint-Pol, et les dames « étant en humeur de persévérer en joie », les amusements et le bal se prolongèrent tard dans la nuit. Le connétable Olivier de Clisson, quittant l’Hôtel Saint-Pol, fut assailli par son ennemi Pierre de Craon, posté en embuscade dans la rue noire. L’assassin s’enfuit chez le duc de Bretagne, ce qui obligea Charles VI d’aller combattre le duc Jean V. Il était déjà malade et, le 5 août, en traversant la plaine du Mans, il fut pris de folie furieuse. Ramené à Paris, il parut guérir. Les médecins recommandèrent à la reine et aux princes de ne point le « charger et travailler de conseils. Déduits et oubliances lui sont plus profitables que tout autre chose ». L’ordonnance fut bien suivie. Le duc de Bourgogne gouverna et la reine donna des fêtes à l’Hôtel Saint-