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avant l’amour

maintenant le dialogue de la chambre nuptiale… Jamais la tendresse humaine n’a trouvé des accents plus chastes… Le duo d’amour est pur comme la prière… Et quelle jeunesse, quelle jeunesse !…

Penchée, je tournais lentement les pages, et la tête brune de Rambert frôlant mon épaule, il semblait chanter à mon oreille, pour moi seule, de ce chant parlé qui ne s’élève pas au-dessus du murmure… Ah ! que nous étions loin des joueurs paisibles, du salon en peluche et satin, du boulevard où gémissaient les tramways. Comme elle chantait divinement, ma jeunesse, à l’unisson de la jeunesse d’Elsa…

Quel recueillement religieux, quelle sérénité dans nos âmes, d’où venait que j’étais prête à pleurer ?

— Permettez-moi de vous laisser la partition, dit Rambert.

— Oh ! oui, fis-je avec joie.

Il se leva et s’appuya au balconnet de la fenêtre. Invinciblement, une force me conduisit près de lui.