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avant l’amour

C’est à cette époque que je rencontrai, dans plusieurs soirées intimes, sortes de demi-bals blancs, un brave jeune homme, un peu lourd, point spirituel et que je croyais malheureux et mélancolique. Francis Perclaud m’avait invitée à plusieurs reprises ; il avait ébauché de vagues compliments et tenté, pendant deux ou trois mois, un flirt innocent et timide. Assurément, ce pauvre garçon, qui est aujourd’hui substitut en province, n’avait rien de bien dangereux. Mais j’aimais trop l’amour pour n’en pas chérir l’apparence et de bonne foi, la petite sotte passionnée se mit en devoir d’adorer Francis… Niaiserie de la dix-huitième année !… Il est encore présent à ma mémoire, le soir où je lus dans les yeux du jeune homme l’émotion passagère d’une tendresse, qui était peut-être un inconscient désir. Les femmes animées, les hommes excités par la libre gaieté du souper, riaient autour des petites tables éparses dans un désordre de débandade. J’étais plus hardie que de coutume, un peu grise, embellie par cette griserie même, et Francis semblait trans-