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avant l’amour

étroite, deux ans de notre vie ! Comment abolir ce qui a été, ce qui est, l’amour prédestiné qui trouve enfin son heure ? Est-ce que tu pouvais être à un autre, ou ne pas être à moi ? Allons donc ! C’est vrai qu’il manquait à notre amour l’épreuve suprême, la consécration du don accompli dans la douleur. Oh ! chérie, la volupté dont je tremble encore n’eut rien d’impur. Ce n’est pas la sensualité, ni l’orgueil d’une revanche qui m’ont jeté dans tes bras. Non, mon amie, tu es venue à moi quand tout m’abandonnait, tu m’as aimé vaincu, humilié, misérable. La douce habitude ancienne a triomphé, et la coalition des forces obscures qui préparaient lentement l’amour… Entends-moi, regarde-moi. Je t’aime. Quand, au fond de ma détresse, j’ai vu s’adoucir ton sourire, quand tu m’as dit : « Tu n’es pas seul au monde, me voici ! » mon cœur s’est fondu. J’ai senti que je ne connaissais pas l’amour véritable, que tout avait été parodie, ébauche, illusion. Oh ! le choc terrible, la révélation dont je suis aveuglé ! Vois, depuis que