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avant l’amour

ceur d’agonie. Peu à peu, la vie suspendue reprenait son cours ; nos corps froissés s’étonnaient de leur étreinte, nos âmes s’interrogeaient. Mais un souvenir précis me traversa comme un stylet et la protestation obscure de l’instinct, l’épouvante physique de la virginité perdue m’arrachèrent une plainte :

— Mon Dieu ! qu’ai-je fait ? Que vais-je devenir ?

Le flot des larmes jaillit. Je me reconnus, je me ressaisis, je m’affranchis brusquement de l’étreinte de Maxime. Il murmura quelques mots indistincts. Puis, inquiet, il se leva, alluma une petite lampe, prêta l’oreille aux rumeurs du silence, dans la maison endormie. Et, timidement, il s’approcha de moi.

— Va-t’en !

— Marianne, mon amie…

— Va-t’en !

Il n’obéit pas, mais il se laissa glisser sur le tapis, appuyant au niveau de mon visage son visage blêmi par l’émotion, adouci,