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avant l’amour

se raidissait, mes reins qui ployaient en arrière, il cacha sa tête dans les plis de ma robe et éclata en sanglots.

Alors tout s’arrêta, le temps, la vie, ma pensée… Je restai muette et pétrifiée au milieu de la chambre, sous le jour pâle des rideaux blancs. La porte close, la fenêtre voilée, les murs aux vagues ramages bleuâtres nous isolèrent dans un cercle hermétique où rien d’étranger ne pénétra. Nous étions seuls, face à face, pour nous absoudre ou nous maudire. Et dans le tragique silence, les larmes de Maxime coulaient sur mes mains.

— Maxime !… je t’en supplie… calme-toi… relève-toi.

Il souleva sa tête enfouie entre mes doigts, dans la chaleur de ma ceinture. Il leva un visage contracté que la douleur transfigurait dans une beauté inconnue, un front creusé, des lèvres ouvertes et palpitantes, des yeux pleins de lumière et de pleurs…

— Ô Marianne chérie ! J’ai tant souffert. Et je souffre !