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avant l’amour

chantait de sa voix traînante. Et poursuivie par une obsession furieuse, je marchais à travers la maison où des fantômes se levaient à chaque pas. Là, c’était la chambre de Maxime. Dans cet escalier, je m’étais arrêtée, triomphante, après avoir deviné son amour. Ici, j’avais pleuré des larmes de honte et de regret. Maxime !… Maxime !… L’ami des tristes jours, le confident de mes douleurs d’adolescente, l’amant dont j’avais baisé les paupières brunes et que j’avais pressé sur mon cœur, éperdue du désir de le consoler ! Et je me rappelais le spectacle, insoutenable pour moi, de ces larmes d’homme, que nul autre n’avait vu couler et dont mes lèvres gardaient l’amertume. Ah ! fous que nous étions, fous et lâches devant la rude conquête de l’amour ! Nous nous serions aimés, plus tard, peut-être ! Le déchirement de mon cœur me le prouvait.

Vers midi, la clochette tinta. Je courus à la porte ; je l’ouvris avec un frisson terrible. Maxime était debout devant moi.