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avant l’amour

coqs, plus aigre, perça l’air plus vif et le soleil émergea de l’horizon. Avec la lumière, le frémissement de la vie courut sur le monde. J’entendis l’éveil des troupeaux.

« Que fait Maxime en ce moment ? » me disais-je.

Je le voyais, s’habillant dans la chambre aux rideaux jaunes, cachetant des enveloppes, brûlant des papiers. Je l’imaginais relisant mes lettres, regardant mon portrait, touchant ces cheveux, où tant de fois, une puérile superstition d’amant lui avait fait poser sa bouche. Et le front appuyé à la vitre, je ne pouvais retenir mes pleurs. Ils effaçaient l’admirable spectacle du réveil, la jeunesse du jour, la gloire de la vie. Il me semblait que des années innombrables, d’antiques lassitudes pesaient sur moi. Mes pas rencontraient l’abîme.

Jour tragique. À l’instant même où Maxime croisait le fer avec Guillemin, sa mère, levée de bonne heure, discutait le menu du dîner qu’elle comptait lui offrir. La petite bonne