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avant l’amour

Elle voulut gagner Maxime à sa cause… S’il avait montré une irritation menaçante, peut-être par révolte, par orgueil, pour lui montrer que je ne le craignais pas, eussé-je accepté une entrevue. Mais Maxime ne sourcilla pas. Il répondit seulement :

— Marianne sait mieux que nous ce qu’elle doit faire.

Il ne fut plus question de l’inconnu, demeuré dans mes souvenirs sous ce nom plus vaudevillesque que poétique : le jeune homme de Montfort.

En refusant de tenter la chance d’un mariage, je ne cédais pas à un sentiment de lâcheté. Au contraire, si j’avais pu aimer quelqu’un, j’aurais pris un singulier plaisir à braver mon ancien amoureux et à le réduire à l’impuissance… Mais j’étais triste, apaisée, adoucie, et les défis, les bravades que je lançais autrefois à Maxime, à moi-même, à tout le monde, réapparaissaient ridicules et puérils… Je sentais que, tout indigne qu’il était, Maxime avait souffert par moi.