partiens pas à la race pleurarde et sentimentale. M’épouser ! Te donner pour toujours, c’est grave. Ça peut être ennuyeux ou dangereux. Tandis que le flirt, les baisers, les privautés amoureuses, c’était fort agréable sans engager à rien. Tu réservais ton capital, ma douce amie. Eh bien, garde-le, marie-toi. Je ne serai pas jaloux de celui que tu épouseras. Tu n’en vaux pas la peine.
Il étouffait. Il revint près de moi :
— Quand je pense, quand je me souviens… Ah ! chaste Marianne, vous jouez les ingénues, à présent. Tout est peut-être pour le mieux. Mais celui qui t’épousera, ma fille, épousera une fière…
Je reçus l’outrage d’un mot abominable, comme l’éclaboussure d’un jet de boue. Tout mon sang me monta à la face et je ripostai spontanément :
— Celle qui te prendra, toi, épousera un souteneur…
Nous restâmes face à face, pétrifiés par nos propres injures, dans la rage et le désespoir