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avant l’amour

— Mais si monsieur de Charny découvre ton identité ?

— Peu m’importe qu’il découvre mon identité le jour où je ne devrai plus un sou à sa femme, le jour où des Meuilles appréciera mes services de collaborateur. Et si l’on m’ennuie avec mes aventures de Bruay, je m’avouerai converti, touché par la grâce. Je demanderai le rétablissement des processions.

— Je te croyais plus sincère. Si tes convictions cèdent devant des rancunes particulières et le besoin d’argent !

— Mais que puis-je faire sans argent ? Devais-je mourir de faim ?

Le mépris des hommes, épargnant les coureurs de dot, frappe les amants coupables d’accepter, fût-ce à titre de prêt, l’argent d’une maîtresse riche. Le mépris des femmes épargne ces mêmes amants s’ils aiment sincèrement l’amie généreuse, car les deux sexes ne conçoivent ni l’honneur ni l’amour de la même façon. Les femmes trouvent toute simple et naturelle la communauté de la bourse après la commu-