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avant l’amour

Jamais l’idée de l’abandon n’avait effleuré mon esprit.

Je repris :

— Et madame de Charny ?

— Je vais t’expliquer ma situation auprès d’elle, dit-il. Ne suis-je pas venu pour cela ?

— Ta lettre était assez ambiguë pour me donner à réfléchir. Ah ça ! que se passe-t-il ? Tu ne peux pas la quitter, cette femme ! Pourtant tu ne l’aimes plus… et tu n’es pas à ses gages.

Je le vis pâlir. Il me prit les mains et voila de tendresse persuasive son dur regard, son impérieuse voix.

— Chère Marianne, depuis deux ans, pour les raisons que tu sais, je n’ai pu t’exposer ni t’expliquer ma conduite. Je te parais mauvais fils, amant perfide, etc. Ah ! ma chérie, c’est que tu es soumise à des superstitions dont je suis libéré. Avais-je demandé au père Gannerault le triste cadeau de l’existence ? Il refuse de me rendre supportable cette vie que je lui