Page:Tinayre - Avant l amour.pdf/265

Cette page a été validée par deux contributeurs.
252
avant l’amour

— Comment, ce Guillemin que tu as soutenu ?…

— Où Pradès louait, Maucerf assommera. C’est ma revanche. Vous devriez y applaudir, puisqu’elle sert aux triomphes de vos convictions…

— Il ne s’agit pas de mes convictions, mais des tiennes…

— Eh ! papa, socialiste libre penseur, socialiste chrétien, peu importe ? Ne chicanons pas sur les mots. Au lieu de taper sur la sale bourgeoisie cléricale je taperai sur la sale bourgeoisie sans Dieu… Ça devrait vous consoler, papa.

Le timide M. Gannerault parut faire un immense effort :

— Non, dit-il ; non, mon ami… Je t’en prie !… Ne me demande pas cela… Ce ne serait pas loyal, pas honnête… Je ne puis prendre une telle responsabilité…

— Mon père, votre mauvaise volonté…

— Il n’y a pas de mauvaise volonté. Voyons : ou tu étais sincère autrefois, ou tu jouais la