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avant l’amour

que je parvins à les reconquérir. Leur tendresse, leur émotion, à chaque témoignage de sollicitude que je leur donnais, éveillèrent en moi de graves pensées. Je connus le pressentiment du remords.

« Il faut leur ramener Maxime, me dis-je. Il m’aime. J’userai de mon influence pour le réconcilier avec ses parents. »

Depuis la scène mystérieuse entre le père et le fils, je n’avais point revu Maxime. Nous partîmes pour les Yvelines dans les premiers jours de juin. Mon tuteur passant à Paris toutes ses journées, madame Gannerault conçut le projet de faire venir son fils et de le sermonner en cachette. J’approuvai cette idée, qu’elle mit à exécution presque aussitôt.

J’avais écrit à Maxime. Il répondit sans commentaires que nous pouvions compter sur lui. Le train de onze heures l’amena au jour fixé, et quand il sauta sur le quai de la gare, en clairs vêtements d’été, l’œillet blanc à la boutonnière, presque tendre et presque gai, la pauvre madame Gannerault fondit en larmes.