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avant l’amour

Je regardai Maxime dans les yeux :

— Je ne suis pas jalouse, mon cher, je suis étonnée.

Ce sujet de conversation déplaisait à Maxime. Les sourcils froncés, un dur éclat dans ses prunelles, il m’écarta de lui.

— Ma chère Marianne, je ne puis ni ne veux me conduire comme un goujat.

— J’admire ta délicatesse. Mais comment cette excessive délicatesse s’accommode-t-elle de la situation ? Tu m’aimes ; tu me répètes que nous sommes liés, que je suis ta fiancée — plus que ta fiancée. Ton amour ne mesure plus ses exigences. Et quand tu viens au rendez-vous tu apportes le souvenir de ta maîtresse — la vraie, celle-là ! Non, Maxime, je ne puis supporter cette pensée. Ma fierté se révolte. Tu humilies la femme qui t’aime et celle que tu dis aimer. Il faut prendre un parti. Choisis.

Il resta silencieux un long moment. Debout devant lui, je l’observais, bien résolue à provoquer une explication définitive. Il tenta de plaisanter :