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avant l’amour

J’admirai comme il avait su dissimuler sa joie d’amoureux sous les espèces d’un sacrifice fait par le bon fils à la tendre mère… Madame Gannerault m’enveloppa de mon burnous, me remit un flacon de sels et multiplia les recommandations affectueuses. Au bras de Maxime, je sortis.

— J’ai tout deviné, me dit-il, quand nous fûmes arrivés sous le péristyle… C’est une cruelle mais salutaire leçon… Ton Rambert…

— Ah ! Maxime, je t’en supplie, ne prononce plus ce nom.

Il me fit monter en voiture. L’air était sec ; le galop des chevaux martelait le pavé sonore. De brèves lueurs, coupant l’ombre où nous étions blottis, nous révélaient nos visages… Et soudain, les bras de Maxime s’ouvrirent : « Je t’aime, moi, je t’aime ! » Je me sentis saisie, emportée, brisée sur une poitrine haletante, dans une étreinte où s’exaspéra ma colère, où fondit ma douleur, où tressaillit en moi le désir de la bravade et de la revanche… Me perdre… Oh ! me perdre délicieusement,