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avant l’amour

— Eh bien, mademoiselle, votre amie est fiancée… À quand votre tour ?

— J’ai bien le temps…

— Oui, vous êtes si jeune…

— Et puis, dis-je avec ironie, je n’ai ni dot ni espérances, moi.

Il feignit de ne pas comprendre.

— Votre mariage causera bien des regrets.

— Vraiment ?…

— Celui qui vous aura… celui-là…

Il s’embrouillait dans ses phrases, et son bras pressait mon bras contre son torse trapu. Sa voix coulait comme une eau tiède… Et les narines battantes, l’œil noyé, il promenait sur mon corps un regard lent, appuyé, répulsif comme le contact gluant d’une limace. Ce regard glissait par l’échancrure du corsage, s’attardait, hésitait, fouillait les plis des vêtements, et tout mon sang me monta soudain au visage sous cette curiosité qui me déshabillait.

Le rideau se releva bientôt sur le balcon de Juliette. Maxime avait pris la place libre derrière moi ; Montauzat était près de lui, et tout