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avant l’amour

Maxime pouvait pressentir le vœu secret et combattu du mariage. Je fus coquette innocemment et maladroitement, et le viveur blasé se troubla au parfum de perversité ingénue qui lui venait de ma jeunesse. Il devina dans la vierge des promesses d’inconnue et fraîche volupté, une espèce de joie plus délicate que la vulgaire luxure des filles, plus rare que l’émotion vite épuisée des adultères mondains, plus complexe que la banalité des fiançailles bourgeoises. Incapable de comprendre ce sentiment qui m’eût fait horreur, je vis dans les assiduités de Montauzat un hommage amusant, un jeu où s’exerçaient mes énergies toutes neuves, la petite guerre de la coquetterie avant. Muet, Maxime subit l’épreuve. « Allons ! me disais-je, je me suis trompée. Il ne m’aime pas. » Je lui reprochai sa froideur. Il resta huit jours sans m’écrire et tout à coup je reçus une lettre où la jalousie, la rancune, la tendresse se contre disaient pour affirmer l’amour. « Qu’as-tu besoin de moi ? Que suis-je dans ta vie ? Un homme a passé, mûr, flétri, usé, riche… Un