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avant l’amour

— Tu ne me trouves pas méchant ?

— Non, tu ne m’effrayes plus. Courage, Maxime, tu réussiras et nous nous réjouirons ensemble. La vie n’est pas gaie : que notre amitié nous aide à la vivre. Je ne te manquerai jamais.

— Tu es bonne, murmurait-il, tu es bonne.

— Je te consolerai dans tes chagrins. Je serai ta sœur fidèle et tu seras mon frère au cœur indulgent. Je sens si bien que tu n’es pas heureux, cher Maxime !

— Parle-moi ainsi, parle encore, dit-il en appuyant sur son front ma main qu’il avait reprise. Tu ne sais pas le bien que tu me fais.

Mais la compassion n’a pas l’éloquence de l’amour. Je me tus, vaguement troublée par cette mélancolie trop tendre. Confuse, victorieuse, saisie d’un malaise intolérable, j’aurais voulu fuir cet homme que je sentais en mon pouvoir. Mon silence l’avertit que son émotion n’était qu’à demi partagée. Il se ressaisit aussitôt.