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avant l’amour

— Est-ce que je sais ? dit-il en s’étendant dans l’herbe, contre ma robe. Si l’amant t’aimait, je ne vois pas ce que tu aurais à regretter.

— L’estime…

— Allons, tu te moques pas mal de l’estime des Exelmans, des Maury, des Laforest. Je te croyais brave.

— Je suis brave.

Il fixa ses yeux sur les miens et d’un air de nonchalance :

— Si tu aimais un homme qui ne pourrait pas t’épouser, le suivrais-tu ?

Il y eut un silence, très sincèrement je répondis :

— Oui.

— Bien, cela !

Une douceur inconnue passa dans ses yeux. Je retrouvai l’homme qui m’avait attendrie, le jour de mes premières confidences. Sa main frôlait l’étoffe de ma jupe, paresseusement.

— Ah ! petite révoltée ! Tu es quelqu’un, toi, Tu as un cœur, une âme, des sens… Tu l’aimeras bien, celui que tu aimeras.