Page:Tinayre - Avant l amour.pdf/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
avant l’amour

jusqu’à la gare. Maxime me serrait la main affectueusement et nous reprenions notre route ensemble.

D’autres fois, en revenant du marché de Galluis, je le rencontrais, fumant sa cigarette, assis au revers d’un talus. À quoi pensait-il ? À ses projets, à ses ennuis, à ses amours peut-être… La bonne harmonie n’avait pas duré longtemps chez les Gannerault. Ma marraine semblait créer à plaisir mille petites discussions qui énervaient Maxime. Elle le fatiguait de sa sollicitude maladroite, de ses questions, de ses remontrances. Assurément, elle souffrait de trouver son fils si peu tendre, uniquement préoccupé de ses affaires, parfois impatient, toujours dédaigneux. Et elle dissimulait mal une mauvaise humeur dont je supportais toujours les conséquences. Depuis l’histoire de ma lettre à Rambert, nos relations s’étaient tendues, et ma pauvre marraine, dont les bonnes intentions étaient mal servies par un jugement faux et une intelligence étroite, se croyait obligée à d’absurdes sévérités.