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avant l’amour

naïve, généreuse et bonne… Ah ! je l’ai lue. avec un amer regret. J’aurais pleuré sur mon imprudence. N’ai-je pas été bien léger, — peut-être bien coupable, — en vous avouant un sentiment qui… doit rester stérile… que vous ne pouvez partager ?…

Je restai muette, froide, prête à m’évanouir. Peut-être, plus âgée, plus expérimentée, eussé-je découvert dans l’accent de Rambert, dans son attitude, un indice de sa pensée ; peut-être eussé-je pressenti les causes profondes de sa résolution… Mais je ne voyais qu’un homme gêné, très ému, combattu par un sentiment contraire aux paroles qu’il prononçait. Il reprit :

— Je vais partir… J’emporterai votre image. Je lui devrai des inspirations si tendres, si belles, que l’art au moins éternisera le fugitif accord de nos rêves…

— Mon Dieu ! fis-je tout bas.

Et malgré moi :

— Vous mentiez donc… Vous ne m’aimiez pas… et moi… et moi…