Page:Tiersot - Les Fêtes et les Chants de la Révolution française, 1908.djvu/294

Cette page n’a pas encore été corrigée
250
FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

nom de Sébastien Bach et de son plus sublime chefd’œuvre : autant le maître allemand possède au suprême degré le génie harmonique et la puissance des combinaisons, autant chez Lesueur la langue musicale, malgré d’apparentes complications, est d’une simplicité d’invention qui va parfois jusqu’à la pauvreté. Cependant, toutes ces réserves étant faites, il m’est impossible, en lisant ce début du Chant à quatre chœurs, de ne point songer à l’introduction de la Passion selon saint Mathieu. Dans Ta’uvre de Lesueur, les grandes lignes sont simples et nues, au regard de l’accumulation de richesses et de l’extraordinaire beauté d’ornementation qu’on admire chez Bach : encore ne sont-elles pas d’une moindre grandeur ; et quand les voix du dôme et de l’orgue viennent tomber sur celle des chœurs de la nef en un chant noble et expressif, je ne puis m’empècher de trouver là une frappante analogie avec cette admirable entrée du choral venant se superposer à l’harmonie des deux chœurs évangéliques et la dominer de son austère et pure inspiration.

Malheureusement, Lesueur n’avait pas le génie du développement : il était donc à craindre qu’il ne sût pas soutenir assez longtemps l’impression produite par cette entrée vraiment troublante. La suite du morceau se déroule en effet dans une forme toute classique, sans que lintérét s’en renouvelle par rien d’imprévu, les deux dessins, l’un rapide, l’autre large et ample, continuant de se répondre des diverses parties de Tédifice, jusqu’à un dernier ensemble plus animé, où les quatre chœurs s’unissent et chantent à la fois.

Les morceaux suivants, moins importants, nous ont été aussi moins complètement conservés. Il y a d’abord un trio dont le premier chant rappelle presque note pour note le premier vers de la cavatine