Page:Tiercelin - Ropartz - Le Parnasse breton contemporain, 1889.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée

FRÉDÉRIC BLIN

LES POÈTES

ILS sont fous, disent-ils en leur dédain moqueur.
— Vous qui versez, gardant pour vous la lie amère,
Du ciel mystérieux et calme où votre âme erre.
Le vin pur de vos chants bénis en notre cœur!

Fous ! ces chantres divins, impérissable chœur
Emporté dans le vol ardent de la Chimère,
Ces Poètes ! Hugo ! Dante ! Virgile ! Homère!
Pères des rimes d’or et du rythme vainqueur!

Oui! les voilà, ces fous sacrés, dont la démence.
Jetant aux quatre vents du ciel son Verbe immense,
A le suprême orgueil de tutoyer les dieux!

Ceux qui, fuyant la terre où l’ombre tend ses toiles,
Dans l’éternel azur du Rêve radieux,
Ont eu le front fêlé par le choc des étoiles!