Page:Tiercelin - Ropartz - Le Parnasse breton contemporain, 1889.djvu/38

Cette page n’a pas encore été corrigée

16 LE PARNASSE BRETON CONTEMPORAIN.

Un vent froid et muet balayait le champ sombre.
Tout près — l’une des deux de l’autre est-elle l’ombre ?
La Vie au clair regard, au pas jamais lassé,

Traversant l’Infini du môme geste immense,
Chaque fois que la faux sifflante avait passé,
Jetait aux sillons nus la nouvelle semence.

SONNET

A Feyen-Perrin.

QUAND la fille des eaux, la blonde Aphrodité,
Sur l’écume pareille aux corolles écloses,
Dans le rire du ciel et la senteur des roses,
Jaillit, belle de grâce et de divinité;

Quand, près des flots muets, dans la sérénité
Du sommeil et le frais arôme des chairs roses.
Les nymphes s’endormaient, les lèvres demi-closes,
A l’ombre, après le bain, aux jours brûlants d’été;

Ton âme errait alors dans le souffle des brises
Qui, frôlant mollement les nudités surprises,
Gardaient, comme un parfum, le reflet des couleurs;

Et la forme entrevue au vol de l’heure brève,
Dans le vent de la mer ou l’haleine des fleurs,
Charme éternellement le regard de ton Rêve.