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HENRI BERNÉS

VIEILLESSE

L’homme disait un jour à la Vieillesse : « Arrière!
Tu fais pencher mon front, tu fais trembler mes pas;
Ta main sèche et glacée ouvre sous ma paupière
Une source de pleurs qui ne tarira pas.

Devant mes yeux ton aile sombre a mis un voile
Qui ternit la splendeur divine du matin.
Les regards amoureux dont je cherche l'étoile
Semblent fuir et s’éteindre au fond du ciel lointain.

Je suis comme le tronc dépouillé d’un vieil arbre,
Où les oiseaux chanteurs n’osent plus se poser.
Et la tombe vers moi tend ses lèvres de marbre
Quand je cherche un baiser. »

Et l’autre répondit : « Tu blasphèmes. Sois juste.
Cœurs battants, regards fous, longs baisers, chants joyeux,
Cela, c’est la Jeunesse, amoureuse et robuste,
Et c’est bon d’être jeune... et c’est beau d’être vieux.