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8 LE PARNASSE RRETON CONTEMPORAIN.

Vous me psalmodiez je ne sais quelles plaintes
Et quels vagues sanglots, veuves inconsolées,
D’amours ensevelis sous l’herbe des allées,
De rayons disparus, d’auréoles éteintes.

O cloches! vous sonnez d’étranges agonies
Pour les crucifiés des couchants grandioses,
Et la mort du soleil nimbé d’apothéoses
Vibre dans votre angoisse en larges symphonies!

Vous sonnez de longs glas aux lassés de la vie,
A ceux qui n’ont d’espoir que dans la tombe seule,
Et qui clament la mort, rêvant qu’on enlinceule
D’un éternel repos leur âme inassouvie!

Vous sonnez de longs glas aux jeunes fiancées
Qui, dans leurs blancs tombeaux baignés des lunes blanches,
Songent de purs hymens et de fières revanches
Sur l’insensible mort qui les a terrassées!

Vos rythmes lents, pareils aux voix des vierges pâles,
Réveillent dans les cœurs les souffrances anciennes.
Vous les remémorez au chant de vos antiennes,
Sur des rythmes très lents, graves comme des râles.

Lentement, lentement, dans la nuit souveraine,
La cloche triste épand ses notes cristallines,
Et, des vals ignorés au sommet des collines.
Ses larmes de cristal la cloche triste égrène.