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EDOUARD BEAUFILS

LES CLOCHES

CLOCHES des vieilles tours, cloches crépusculaires,
Pleurez votre souffrance en vos robes fêlées,
Et vos gémissements aux calmes envolées
Berceront nos dédains, nos mépris, nos colères.

Cloches, cloches du soir, cloches mélancoliques,
Vous évoquez l’effroi d’enténèbrements proches:
Le chœur des trépassés, ô cloches, pauvres cloches,
Se lamente parmi vos frissons métalliques!

On dirait, dans les soirs languissants des dimanches,
Que vous vous éteignez, et que l’élan des brises
Emporte dans son vol, au-dessus des églises,
Avec vos derniers chants, des âmes toutes blanches!

Mourez-vous d’anémie et de pâles névroses,
O cloches! que vos voix sont toujours si dolentes?
A-t-il neigé sur vous, ce deuil des neiges lentes
Où les êtres se sont effondrés, et les choses?