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blesse Voici ce qu’en disait le baron Régis de Trobriand dans son roman, rarissime aujourd’hui, Les Gentilshommes de l’Ouest : « Ô mon joyeux café de Bretagne, ingrat qui pourrait oublier les soirées de fête arrosées de vin vieux et parfumées de tabac ; tu n’étais qu’un trou obscur, le premier de la ville où l’on allumât les lampes, chaque soir ; jamais le soleil n’y jetait un timide rayon qui n’y fût obscurci autant par la fumée que par le sombre reflet de tes tentures rouges, traces vieillies des temps passés, quels stupides gens sont venus te défigurer à plaisir, toi, le dernier cabaret de France peut-être, où la noblesse vînt encore se régaler ! Combien de marquis sortirent au matin par la rue d’Estrées, cherchant à reconnaître à travers les fumées d’Aï, le chemin de leur hôtel et combien de gentilshommes y noyèrent dans le punch, les soucis plébéiens de notre misérable époque. Aujourd’hui que sont-ils devenus ? » Hélas ! l’ancien cabaret lui aussi allait être transformé à l’instar, « doré sur tous les lambris, chargé de glaces sur tous les murs, bariolé de fresques sur tous les plafonds… Pauvre café ! de gentilhomme qu’il était, il est devenu presque banquier ! »

À trois kilomètres de Rennes, sur la route