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taient sans doute des étrangers de passage que Manet a photographiés dans nos rues. Voyons maintenant ce qu’il pense des Rennaises ; un si grave abbé est incapable de flagorner le beau sexe.

« Elles sont polies, belles, enjouées, costumées d’une façon assez avenante[1]. »

Les femmes de Rennes n’ont donc rien à envier aux hommes, dans les éloges du bon abbé, qui dit encore qu’« on se ressent peu, à Rennes, de l’entêtement indomptable reproché aux habitants de la partie basse de la province. » La partie basse est un peu dur ! Si l’on ajoute que « les belles-lettres y sont cultivées, que les jeunes gens ont du goût pour le commerce et l’état militaire, qu’ils s’y faisaient moines lorsque c’en était la mode, » Rennes était, vers 1838, comme il est aujourd’hui, un petit paradis terrestre, surtout lorsque l’Adam avait nom Leconte de Lisle.


Voilà dans quelle ville, peu différente à cette époque de ce qu’elle avait été aux dix-sep-

  1. Frère Thomas Conecte, de l’ordre des Carmes « personne mémorable et digne issue de la ville de Rennes » (d’Argentré, Histoire de Bretagne) était moins indulgent pour les « délices et pompes des habits des femmes et damoiselles » de son temps.