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Peut-être Mérimée se trouvait-il à Rennes au moment où l’évêque venait de faire enterrer un certain nombre de vieux saints de bois, « façonnés de façon tellement grossière qu’ils en étaient grotesques ! » Et je comprendrais alors sa critique, mais il l’eut atténuée pourtant, si on lui avait raconté la spirituelle riposte d’un curé de campagne au prélat.

Ayant appris que Sa Grandeur arrivait en visite pastorale, le bon curé, qui avait de vieux saints dans son église et qui les aimait, donna l’ordre à son bedeau de les cacher dans le clocher pour les soustraire à la vue de l’évêque proscripteur.

— Vous n’avez donc pas de vieux saints ici ? fit Monseigneur, en interrogeant du regard tout le presbytère.

Silence, d’abord. Insistance du prélat. Gêne de tout le monde. Alors le bedeau s’approche :

— Il ne faut pas mentir à Monseigneur ; nous avions des vieux saints, mais quand ils ont su qu’on enterrait leurs camarades à Rennes, ils sont partis pour assister à la cérémonie.

L’évêque ne put s’empêcher de rire :

— Oh ! alors ils reviendront, fit-il.

Et les vieux saints de bois sont revenus dans l’église. Mérimée ne les y a pas vus !