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tout en me demandant si M. Pigeon est jamais venu à Rennes, pour y avoir vu tout ce qui n’y est pas !

« De toutes les villes de la Bretagne, Rennes est celle qui rappelle le mieux le passé d’une des plus grandes provinces de France, et qui conserve les plus vieux souvenirs de ce passé… On va droit au Palais de Justice, on se croit transporté en plein XVIIe siècle… On ne serait pas surpris de rencontrer, dans une des rues qui avoisinent le Palais, un contemporain du comte de Rieux et du maréchal de Montesquiou… De vieux hôtels, semblables à ceux qu’on voit encore à Paris dans la rue du Bac et dans les rues qui l’entourent, forment autour du Palais de Justice comme une ceinture qui le protège. On sent là l’âme d’une époque où les architectes savaient faire grand… De grandes portes de pierre, des cours pavées… Quelquefois une statue rappelant le style de Coysevox ou de Coustou, un bas-relief encadré dans une façade… Le Palais de Justice, si vaste, si majestueux, avec sa grande salle des Pas-Perdus… avec ses longs couloirs, avec ses statues grises et sa porte sculptée est lui-même comme la fleur d’une époque processive et batailleuse… Les peintures de Jouvenet, de Coypel, d’Érard, de Ferdinand témoignent des