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n’est pas une ville sympathique. C’est de Rennes qu’Évariste Boulay-Paty, qui y fit son droit, a écrit : « Pauvres villes, où point çà et là un artiste inconnu, poète, peintre, musicien, sculpteur, qui s’échappe bien vite et qu’elles sont tout à coup stupéfaites d’entendre proclamer grand homme, dans ce Paris, le Capitole des Beaux-Arts ! Bonnes gens de compatriotes, qui, après avoir dénigré sans jugement le jeune homme, s’enorgueillissent de l’homme fait sans enthousiasme et qui, après avoir tenu l’aigle dans leurs mains sans en reconnaître les plumes, le voient avec étonnement planer haut et disent alors : C’est d’ici qu’il est parti ! »

Il est vrai, par contraste, que celui qui fut, avant Hérédia, le maître du sonnet, écrivait à son ami Hippolyte Lucas :

« J’ai regretté que vous ne fussiez plus à Rennes, lorsque j’y suis arrivé. Pourquoi donc n’avez-vous pas profité du voyage fait pour rester quelque temps dans la vieille ville qui vous a inspiré des vers si jolis ? On aime, malgré Paris et le temps qui nous presse, à parcourir ces rues tranquilles qui rappellent le passé ; on retrouve mille émotions dans les lieux chéris autrefois. La belle jeunesse nous sourit de loin et nous fait encore signe du doigt. »