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quelque côté que vous tourniez vos pas, vous rencontrez des allées verdoyantes ou des jardins fleuris, ouvrant devant vous leurs oasis embaumées. Aussi conçoit-on facilement, en parcourant ses parcs publics, que Rennes ait produit dans ces dernières années tant de jeunes poètes intimes et mélancoliques. C’est en effet par excellence la ville de l’élégie. Tout vous y pousse ; on la sent dans l’air du Champ de Mars, on la respire sous les dômes gazouillants du Thabor ; elle s’exhale au bord du Mail avec les parfums du soir, alors que l’odeur du foin coupé vient des prairies et que les chants des Filles repenties s’élèvent des buttes éloignées de Saint-Cyr. À Rennes, la rêverie trouve partout des asiles muets, des retraites nombreuses, où le vers peut germer et éclore. Rien ne manque à ses promenades, pas même la solitude, car à peine si vous y rencontrez de loin en loin quelque penseur solitaire qui, la tête baissée, pousse devant lui avec distraction les feuilles dont la terre est jonchée. »

Il est vrai qu’ailleurs le même Souvestre a traité Rennes de « vieille ville replâtrée, » qui essaie de faire « peau neuve » et à laquelle on ne saurait trouver « un caractère décidé. »

Il faut en prendre notre parti, Rennes