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la capitale de la Bretagne un de ces traits malicieux que nous recevons et recueillons, nous autres Rennais, avec une souriante tranquillité. La mauvaise réputation de Rennes auprès des écrivains et des artistes ne date pas d’aujourd’hui !

Ce sont les Angevins qui ont commencé. Baldric, évêque de Dol, appelait Rennes « un nid de scorpions et un repaire de bêtes doublement féroces[1]. » Son compatriote et ami Marbode a laissé, parmi d’autres vers plus aimables, une satire contre notre ville, qui s’aggrave de cela qu’il fut évêque de Rennes (on aimerait à croire que ce poème fut antérieur à son épiscopat) et de ceci qu’elle est écrite en vers catapultins[2]. M. Henry Houssaye, qui est un vrai lettré, ne les lira pas sans plaisir. Voici ce morceau, curieux de facture, où la consonne d’appui et la double assonnance et la triple répétition pourraient faire envie aux

  1. Préface de la vie de Robert d’Arbrisset, citée par S. Ropartz dans ses Poèmes de Marbode traduits en vers français.
  2. M. Léon Ernault, dans son livre Marbode, sa vie et ses œuvres, cite tel vers de notre évêque :

    In quibus, exercens animum, sudare solebam.

    qui pourrait servir d’inscription sur sa catapulte dirigée contre Rennes ou d’épigraphe à ce méchant poème.