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fêtaient votre arrivée et qui pleuraient à votre départ.

Et certes, c’était une affection sincère de part et d’autre. Brizeux avait trouvé là de vrais amis et, dans toutes les maisons, il pouvait se dire chez lui.


Un jour qu’on fauchait chez Jérôme Olivier, dans un petit pré au bord de l’Izole, Bertrand Rodallec, le grand ami de Brizeux, et son neveu Youen, l’aubergiste actuel, un enfant à cette époque, étaient venus chercher le poète pour l’emmener à cette fête du foin qu’on coupe. Brizeux a noté quelque part dans ses Histoires poétiques, presque toutes écrites à Scaër, le souvenir d’une faucherie. Voici ce court poème :

« À l’œuvre ! Et le premier au frêne que voilà,
Qu’il embrasse s’il veut ma filleule Aliza. »
Bertrand, modérez-vous, ô travailleur superbe !
De son immense faux comme il va rasant l’herbe,
Et partout dans les foins passe et luit l’acier bleu.
Tous les bras sont raidis et les gosiers en feu…
« À présent la plus lente à retrouver sa meule
Devra tendre la joue, oui, fût-ce ma filleule, »
Or Bertrand fut si vif et si lente Aliza,
Que cet heureux faucheur par deux fois l’embrassa.

Est-ce de Bertrand Rodallec qu’il s’agit ? Le parrain d’Aliza était-il notre Jérôme ? On ne