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çait à la regretter le jour même où il la quittait) ni de Paris[1] ni du soleil. Ces trois amours l’ont condamné à une vie vagabonde, partagée entre Arzanno, Paris et Rome, » C’est Scaër et non pas Arzanno qu’il fallait dire. Oui, Scaër, Paris et Rome, telles furent les trois affections de son âme.

Scaër pour y puiser à cette première source de l’inspiration poétique qui est la nature. Il le dit dans sa Poétique Nouvelle :

Oui, c’est dans les hameaux, c’est à l’ombre des bois,
Au pays enchanté des parfums et des voix,
Que, dans chaque saison, de froidure ou de flamme,
L’homme sent bien la vie et voit grandir son âme…
Il est beau, quand tout meurt, flétri par l’intérêt,
Seul, comme un prêtre antique, errant sous la forêt,
De recueillir en paix son exhalaison pure,
Pour raviver le monde à ton souffle, ô Nature !

Paris, où l’on apprend la vie, cette science sans laquelle il n’est pas de poète.

  1. Tels sont les cœurs : parfois, sous les lauriers fleuris,
    En Bretagne, il est doux de songer à Paris.
    Et là-bas, regrettant notre libre campagne,
    A Paris, nous aimons à causer de Bretagne.
    (La Taverne, histoires poétiques)

    De cet humble village aux nobles Tuileries,
    Ainsi nos souvenirs s’échangeront toujours.
    Parfois, vous mêlerez mon nom à vos discours :
    J’emplirai de vos vers mes longues rêveries.
    (journal rustique, II Lettre)