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la durée des arbres, il y avait pour lui la force d’un symbole.

Ce chêne fut planté par nos libres aïeux ;
Il est bien doux de voir l’arbre qu’ont vu leurs yeux.
Comme nos vieilles mœurs, cependant, sa racine
S’altère, et le géant penche vers sa ruine.
Maire, si j’étais vous, je crierais dans le bourg !
« Des pieux pour ses rameaux, de la terre à l’entour ! »
Dix générations ont vécu sous son ombre,
Après nous nos enfants y fleuriraient sans nombre.
Pour nos aïeux, pour nous, et pour nos descendants,
Ne laissons pas mourir ce géant des vieux temps !

C’est par cette bonté, par cette sensibilité qu’il marquait à tous les êtres, c’est par la mémoire qu’on en garde que le poète survit le mieux au pays de Scaër.

Cette pitié pour les humbles, il n’en a pas été seulement l’écrivain plus ou moins heureux, — et par là il serait pour Coppée, comme un oncle à la mode de Bretagne — il l’a réellement vécue et pleurée de toute son âme pendant ses séjours au pays.

Qu’est-ce autre chose, ce délicieux poème de Marie, sinon l’écho d’un premier cri de tendresse vers une humble fille qu’il aima, sinon de tout son cœur d’enfant, du moins de tous ses souvenirs de jeune poète. Les Bretons qu’il a chantés, ce ne sont guères — quoi qu’il y ait prétendu, un moment — les prêtres, les