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jeudi suivant, il y retourne pour offrir son Virgile à Jéromik[1].

Le vendredi, 5, il assiste à la messe à Coadri. Il y rencontre des gens de Vannes allant en pèlerinage à Coray et des gens de Coray allant à Sainte-Anne. « On a peu de foi aux saints trop voisins de sa maison. »

Comme on le voit par ces notes, c’est le culte de la Bretagne et l’amour de la poésie que le bon poète breton essayait de répandre autour de lui. On pourra penser qu’il apportait à Scaër plus que ce qu’il y venait prendre.

Brizeux toutefois ne venait pas chercher seulement à Scaër ce qu’on appellerait aujourd’hui des documents pour ses poèmes ; certes, il avait toujours été curieux des mœurs et des coutumes de Bretagne, et l’un des mérites de ses livres, c’est d’en être le fidèle reflet : mais souffrant, désabusé, l’esprit las, le cœur froissé, ce qu’il demandait aux grands arbres, aux eaux courantes, au foyer de la ferme et de l’auberge, à l’amitié des humbles, c’était la santé du corps et la paix de l’âme.

S’il est plus d’un orage, il est plus d’un refuge :
J’en sais pour mon esprit et j’en sais pour mon cœur.

  1. Au sujet de ce culte de Brizeux pour Virgile, il faut lire la très intéressante étude de M. Maurice Souriau : Les cahiers d’écolier de Brizeux.