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par tête[1]. Le soir, on boit dans les verres les uns des autres, on s’enivre, on va reconduire la fille, et on soupe chez elle. » Tant de choses pour un franc par tête ! Heureux temps ! Heureux pays !

À Kerzéré, il fait la connaissance de Charles Sinkin, « l’amoureux de Virgile. » Sinkin a étudié à Gourin et à Kemper, mais, à son retour au pays, il s’est remis à labourer avec son père. Quelle joie pour lui de connaître le poète breton ! Tous les deux, aux heures libres, s’amusent à dialoguer les Ḗglogues. Brizeux rencontre bientôt le frère aîné de Charles. Celui-ci porte encore l’habit breton, mais il se destine au notariat. Ce mais de Brizeux n’est-il pas amusant ? Et c’est le paotr Paris qui sermonne le paysan en mal de défroquer et qui « fait tout pour exciter la flamme bretonne chez cet excellent jeune homme. »

Et l’amour de Virgile fait des prosélytes. Le 1er juin 1834, Brizeux va se promener à Kerveghen : Jéromik lui montre son bouvillon et ils lisent ensemble l’épisode d’Aristée. Le

  1. Il est peut-être bon de noter, pour ceux qui ne le savent pas, qu’à Scaër, chaque invité d’une noce paysanne paie une contribution. Le prix est plus élevé maintenant que du temps de Brizeux ; pour la première journée, on paie trois francs : quand on reste deux jours, on en est quitte avec cinq francs.