Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pendant qu’on le peut encore. Tout ce que Brizeux a cherché, ce qu’il a vu, ce qu’il a aimé, tout ce qui fait le pittoresque de Scaër doit disparaître selon la loi des choses : le chemin de fer a touché le vieux bourg perdu.

Voici le dragon rouge annoncé par Merlin.

C’est chez les Rodallec que le souvenir de Brizeux a été conservé le plus fidèlement, c’est à leur porte qu’il faut frapper, si l’on veut réveiller la chère mémoire du poète. L’un d’eux, Youen, tient toujours l’auberge paternelle, qui fut hospitalière à Brizeux[1]. La maison a changé d’aspect, depuis ce temps : on m’a montré cependant à gauche de l’auberge actuelle, dans la partie occupée maintenant par Mme Le Ber, née Rodallec, au premier étage, la chambre où coucha le poète à son arrivée dans le pays[2].

C’est une vaste pièce carrée qui n’avait alors qu’une petite fenêtre fermée par un volet de bois, il fallait choisir entre l’air ou la lumière, et cela devait embarrasser Brizeux parfois. J’ai dit : une chambre ; c’était plutôt

  1. Il y avait alors deux auberges à Scaër : celle de la Vve Daniel et celle des Rodallec, à la Croix d’Argent (Note de Brizeux, 10 octobre 1834).
  2. C’est en 1829, d’après une note de lui citée plus haut, que Brizeux paraît avoir séjourné à Scaër pour la première fois.