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demain, la fontaine a repris son niveau, qui restera le même, toute l’année.

C’est aux veillées, aux « fêtes de charroi, » aux cérémonies des baptêmes, des « aires-neuves, » aux danses, aux luttes, aux pardons,[1] qu’il faut chercher encore le charme de la vie bretonne à Scaër, et c’est ce que Brizeux y aimait. Il y aimait aussi les eaux courantes. Il écrivait de Scaër, à la date du 27 mars 1846 :

« L’épigramme de ma vie est dans ces deux vers de sainte Beuve :

Je passerai ma vie à voir couler les eaux,
Comme un roseau de plus au milieu des roseaux. »

Jusqu’à ces dernières années, loin de tout commerce et à l’abri de la civilisation, si j’ose m’exprimer ainsi, Scaër avait gardé les anciennes mœurs et les anciennes coutumes. Sur les choses et sur les êtres, la vieille empreinte bretonne demeurait fortement marquée. Je ne crois pas qu’elle puisse subsister longtemps désormais, et il faut se hâter de regarder,

  1. Il y a un ou deux pardons à chacune des chapelles : il y en a trois à Coadri (Voir La Bretagne qui croit, pardon de Coadri). Le grand pardon du bourg en l’honneur de saint Alain et de sainte Candide, a lieu le dernier dimanche d’août. Les foires aussi sont intéressantes, surtout la foar ien en novembre ou, foar koumananchou.