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BRETONS DE LETTRES


Je ne m’enfuirai pas, ne craignez rien, madame :
Il est une autre chaîne, une chaîne de l’âme,
Qui me lie à jamais de ses secrets anneaux.

Plus loin, je trouve la Valse, qui, dans le recueil, a gardé son titre ; Séparons-nous, qui fut plus tard amputée de deux strophes. Toutes ces pièces ont été insérées dans les Heures d’Amour; la belle marquise n’en fut donc pas la seule inspiratrice. Un Sonnet à un Ami, — cet ami était Boulay-Paty, — clôt la collaboration de notre poète à ce curieux Keepsake Breton.

Je ne sais pas quelle fut la part des pauvres dans la vente ; le prix de la plaquette était de trois francs pour les souscripteurs et de trois francs cinquante centimes pour les non-souscripteurs ; une note sur la couverture annonce qu’un « atlas de six lithographies, destiné à orner ce recueil, paraîtra dans les premiers jours de février. » J’ignore si cet atlas a paru ; je ne l’ai jamais rencontré.

Cette publication du Keepsake fut un événement littéraire à Rennes.

Tout un petit groupe poétique s’était formé dans notre ville, où ce phénomène se reproduit de temps à autre, trop rarement ! Dix ans plus tard, ce fut l’ère de Leconte de Lisle et de ses amis. Les poètes d’alors se réunissaient tous les mois, en des agapes fraternelles