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II. LUCAS AU TEMPLE DU CERISIER

Lépinay était une charmante femme de lettres, dont, à quelques années de là, Hippolyte Lucas insérait une nouvelle parmi celles qu’il réunissait sous ce titre : Caractères et Portraits de Femmes, chez Moutardier, Paris 1836, continuant ainsi l’espèce de collaboration littéraire commencée dans le Keepsake.

À la page 26, je trouve un Sonnet, qui a été publié depuis sous ce titre : Le Peigne brisé. Il vaut qu’on le reproduise, comme un exemple de la manière poétique de notre compatriote, ou la délicatesse du sentiment s’allie heureusement à la simplicité de la forme. Ce sont des vers qui, ne datant d’aucune époque, mériteraient de survivre, étant parfaitement fidèles à la pure tradition française.


Nous causions tendrement de nos chagrins passés,
Dans la charmille, un soir, sans crainte de surprise.
Tandis que vous étiez sur mes genoux assise,
Entre vos blonds cheveux mes doigts s’étaient glissés.

Par moments, ils courbaient en anneaux plus pressés
La boucle dérangée au souffle de la brise…
Tout à coup sous ma main votre peigne se brise
Et déroule à mes pieds vos longs cheveux tressés.

Moi, je restais confus ; vous, rieuse et folâtre,
Rapprochant de ma bouche un front que j’idolâtre,
Vous entourez mon cou de ces liens nouveaux…