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leconte de lisle étudiant

mais il prenait prétexte de son inquiétude pour prier l’oncle de Charles de bien lui recommander de donner régulièrement de ses nouvelles. « Une négligence de sa part à nous écrire ferait bien souffrir sa pauvre mère et moi aussi. »

Cette lettre, datée du 3 juillet 1837, est pleine d’émotion. La mort de deux compatriotes, Tanguy et Théophile de Querhoënt, à huit mois de distance, l’arrivée à Bourbon d’un Malouin, le capitaine Moucet, commandant le Robert Surcouf ; tous ces événements, joints au départ de son fils et au manque de nouvelles, ont remué au cœur de l’exilé les vieux souvenirs du pays natal.

C’est que M. Leconte de lisle ne se considérait que comme un exilé sur la terre de Bourbon. Il avait placé, de manière à l’avoir toujours sous les yeux, une Vue de Dinan que lui avait envoyée Louis Leconte. « Je suis fort aise, lui écrivait-il, de la revoir tous les jours, encore qu’elle soit bien gravée dans mon souvenir. » Et il en prenait occasion pour renouveler sa demande de toutes les vues de Dinan du même auteur. « Les 4.000 lieues qui nous séparent ne m’enlèveront jamais mon affection pour la terre natale. »

Son projet bien arrêté était de rentrer au