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hôte nous attend là pour nous emmener dans son domaine, ce Temple du Cerisier qui fut la demeure d’été d’Hippolyte Lucas. En venant à Babelouse, mon désir était de faire ce pèlerinage à la maison d’un compatriote, qui eut à Paris de longues années de célébrité et dont nous garderons le souvenir en Bretagne, parce qu’il n’oublia jamais son pays.


Hippolyte Lucas est né à Rennes, le 20 décembre 1807. Il était le jumeau d’un frère qui mourut peu de jours après sa naissance et à la mémoire duquel il adressait lors de ses débuts les vers suivants :


Ô mon frère, évitant la destinée humaine,
Pourquoi dans mon berceau m’avez-vous laissé seul ?
Pourquoi changeâtes-vous après une semaine
Votre maillot contre un linceul ?


Hippolyte Lucas a fait ses humanités au collège de Rennes et commença dans notre ville ses études de droit qu’il alla, vers 1826, terminer à Paris. Bientôt, après ses examens passés, il revenait se faire recevoir avocat, mais le « démon de la poésie, » comme il le disait, l’avait déjà mordu et, sous prétexte de préparer son doctorat, il retournait à Paris. Peu après, il y débutait dans le journalisme et s’essayait au théâtre. L’Odéon, à cette époque,