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Nous suivons le chemin de hallage vers les ruines. C’est à peine si je trouve quelques paroles, tant je suis envahi maintenant par une tristesse qui tombe de plus en plus avec le jour. Elles sont navrantes, ces ruines !

Cicé était autrefois la demeure des marquis de la Bourdonnaye de Montluc. Une très ancienne tour, relique du primitif château des barons de Cicé, avait été flanquée d’un corps de bâtiment plus habitable. Une immense cuisine et une belle salle décorée de fresques sont encore accessibles, sous les poutres rongées et les plafonds crevés. Partout les fenêtres sont brisées et les parquets rompus. La désolation règne là ; seule, la vieille tour a gardé sa belle fierté. On dirait d’un vieux gentilhomme resté debout, très crâne, au milieu de la ruine des siens et de l’effondrement de sa race.

À la fin du XVIIIe siècle, les seigneurs de Cicé firent bâtir l’immense maison de Laillé pour y transporter leur demeure. Aujourd’hui la demeure est close. La désolation s’est abattue sur Laillé et Cicé n’est que décombres.

Je reviendrai voir Cicé, en plein hiver, sous la neige.

Nous redescendons vers le pont de Chancors, en nous hâtant un peu à la pensée que notre